Le Bronx Vu Par Les Yeux d’un « Sneaker Addict » de France

Sebastien Szymkowiak

« C’est le Bronx ici! » Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette expression est souvent utilisée en France pour caractériser une situation chaotique. Mais est-ce vraiment une réalité ou une idée reçue, née des médias et de gens qui ne connaissaient rien du Bronx?

Depuis le début du XXème siècle, le Bronx souffre d’une réputation nourrie par la violence, la pauvreté, les incendies à répétition et les « gangs ». Dire que tout ceci n’existe plus serait mentir, mais avec le temps ce quartier historique a su redorer son image.

Certes il y a eu des années noires, la recrudescence de la violence dans les quartiers de New York qui entraina la disparition d’icônes majeures, aussi bien dans le milieu musical que dans le milieu sportif, ainsi que l’invasion des quartiers par la drogue. Cependant, cette ville a su renaître de ses cendres et a connu une Renaissance, qui n’a fait que renforcer son identité.

New York City a toujours attiré les regards et notamment ceux d’un groupe de passionnés, les « sneakers addicts ». Pourquoi des collectionneurs de baskets auraient-ils un intérêt particulier pour New York City ? La ville qui a vu l’émergence du mouvement Hip Hop, du « streetball », des premiers B.Boy et tagueurs, dont a découlé un style vestimentaire. Une mode qui a pour caractéristique un engouement particulier pour les baskets, que ce soit par la recherche de modèles rares ou bien de coloris nouveaux. De ce mouvement va petit à petit naître une culture avec sa propre identité et son assimilation à New York.

Car on parle bien ici de culture « Hip Hop », bercée par la musique de groupes mythiques, par la naissance de tournois légendaires de « streetball » et l’apparition des premiers collectionneurs de baskets. Depuis les années 70, ce mouvement n’a cessé d’exister et de s’amplifier, par le biais de nouveaux styles musicaux et par l’appropriation du mouvement par certaines marques ; le groupe « Run DMC » demeure encore connoté à la marque « Adidas ». New York était, et est toujours, l’Eldorado de ceux qui sont à la recherche de modèles de baskets introuvables en Europe, de disques vinyles inédits ou tout simplement pour se laisser envahir par cette atmosphère qui n’est présente qu’outre-mer. Aujourd’hui encore, beaucoup font ce voyage dans le but de vivre cette expérience de pouvoir explorer cette ville qui fait tant rêver tous les acteurs de cette culture.

Harlem et le Bronx, plus connus comme « Uptown », étaient le théâtre des prémisses du mouvement. Dans les années 70, le Bronx a vu naître les premiers rappeurs, comme DJ Kool Herc, « fondateur » du Hip Hop et des premières « Block Party ». Harlem a aussi eu une forte influence, avec la création du célèbre tournoi du Rucker Park, qui demeure encore le plus grand tournoi de basketball au monde. L’influence d’ « Uptown » New York ira jusqu’au style vestimentaire, la Nike Air Force One deviendra un modèle phare de cette époque et prendra le surnom de « Uptowns ». Harlem et le Bronx auront à cette époque influencés le monde entier et suscité l’intérêt de toute une génération. De plus, les moyens de communication étaient différents, la déferlante Internet n’avait pas encore relié le monde comme aujourd’hui et l’accès à tout ce qui était Outre-Atlantique n’était possible qu’en allant sur place. C’est de cette confrontation à la culture Hip Hop qu’est née la passion de beaucoup d’Européens, qui retournaient sur le continent avec pleins de trésors : des paires de basket rares, de la musique, des vêtements et tout ce qui s’apparentait à New York City.

Comme dans toute culture il y a les « Nostalgiques » ; il y a ceux pour qui le début des années 80 sont les années références, d’autres pour qui les années 90 restent a jamais l’âge d’or, que ce soit en matière de musique, de sneakers et plus généralement de mode. Ces générations ont connu la naissance du mouvement, les films sur New York, les séries TV, la grande époque des New York Knicks et des Yankees, d’où est né cet intérêt pour la culture. Cette synergie de tous les éléments a créé l’identité de New York et ce « rêve » de découverte de la ville pour beaucoup d’entre nous.

Le phénomène a bien sûr pris plus d’ampleur depuis quelques années, jusqu’à toucher une population de collectionneurs dans le monde entier. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, cette « communauté » est très liée, et se retrouve souvent lors de sorties de nouveaux modèles. Le mouvement a évolué, laissant place à de nouveaux styles et de nouvelles influences dans tous les domaines.

New York reste et restera à jamais le berceau de la culture « Hip Hop » et sera toujours considéré comme la « Mecque » de ce mouvement et de cette passion. Indirectement, cela affecte les autres quartiers, tel que le Bronx, qui gagne à être connu et qui mérite bien mieux que la réputation qui lui a été donnée. Après avoir été considéré comme le quartier obscur de New York City, le Bronx est maintenant un quartier qui attire de plus en plus la curiosité des gens qui visitent la ville.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *